Histoire des techniques : L’alimentation

J’ai soudainement une « remontée » de mes cours de Master, concernant l’histoire des techniques. Sujet intéressant. Pour mémoire, une technique est un « procédé connu, dont le résultat est connu d’avance et qui a une finalité humaine et une réalisation sociale ».

L’important, c’est ce que la société fait comme choix et pas ce qu’elle invente (dimension sociale).

Selon Jacques Ellul, la technique est devenue un système, c’est-à-dire « […] un ensemble d’éléments en relation les uns avec les autres de telle façon que toute évolution de l’un provoque une évolution de l’ensemble et que toute modification de l’ensemble se répercute sur chaque élément ». Ainsi, il explique que « […] la technique n’avance jamais en vue de quelque chose, mais parce qu’elle est poussée par derrière [et que] le technicien travaille parce qu’il a des instruments qui lui permettent de réussir telle opération nouvelle ». De son avis, l’intervention humaine est devenue secondaire, renvoyant inéluctablement le technicien à un rôle instrumental.

L’innovateur peut ne pas être l’inventeur d’une technique. Mais c’est celui qui diffuse l’invention (la commercialise,…). L’innovateur est celui qui donne l’impulsion. C’est également celui qui fait de la création sociale, en ce sens qu’il ajuste son produit jusqu’à ce qu’il corresponde à une utilisation grand public. L’innovateur est celui qui développe et qui fait connaître l’invention. Il a plus ou moins le rôle d’un marketeur (cf. Bill Gates).

L’alimentation

L’alimentation est l’ensemble des techniques, des comportements, des organisations qui permettent d’apporter de quoi manger.

L’agriculture est un domaine très vaste. Ce sont les progrès des activités agricoles qui ont permis de libérer la population (qui est partie travailler dans les secteurs secondaires et tertiaires).

Trois phases :
1. Production = agriculture
2. Transformation = industrie agroalimentaire et distribution
3. Préparation = arts de la table, restauration

L’agriculture comporte des techniques encore expérimentales (cf. la sécurité alimentaire). Par exemple, la crise de la vache folle a été déclenchée après une décision politique de réduire la température de chauffage des incinérateurs (de 120 à 80°C).

La première force d’un pays, c’est d’avoir à manger.

Repères historiques :

  • 12e millénaire avant JC : révolution néolithique.
  • 8e millénaire avant JC : maîtrise progressive de l’agriculture qui prend sa source dans l’Est de la Turquie (Caucase). Débuts de la domestication. N.B. : le passage à l’agriculture permet de multiplier la densité d’habitants au mètre carré. En quelques milliers d’années, la révolution agricole a permis de passer d’un habitat de moins d’un habitant par km² à quelques habitants par km². Il s’agit d’une révolution considérable et le rapport entre une société primitive et une société agricole est de 1 pour 100.
  • Jusqu’au 1er millénaire avant JC (fin de l’Empire Egyptien) : perfectionnement constant de l’outillage : araire (outil pour remuer la terre), bêche, … Durant cette période, il n’y a pas dévolution majeure en matière de conservation (salage, froid…). Le premier traité agricole est apparu à Carthage vers 300 avant JC. Ce traité prouve l’existence d’une technique agricole assez élaborée.
  • XIe siècle : nouvelle révolution agricole. Apparition du collier d’épaule, du cheval, de l’assolement triennal, du ferrage des chevaux, de la charrue, développement du moulin à eau et du moulin à vent. Au 11e siècle, l’utilisation de la charrue se généralise (elle est pourtant connue depuis l’époque romaine). La charrue permet d’augmenter la production agricole et de ce fait la densité de population.
  • XVIe siècle : apparition de nouvelles plantes américaines (dont le maïs,…)
  • XIXe siècle : mécanisation de l’agriculture (révolution importante). Conservation et transport des denrées (fin des famines locales). A noter : l’utilisation d’une moissonneuse fait économiser le travail de 35 personnes. Une main d’œuvre considérable est ainsi libérée et va pouvoir faire autre chose en terme économique (travail en usine,…).
  • XXe siècle : développement des engrais phytosanitaires. Des sols peu riches peuvent alors être utilisés (ex. : développement de la culture du blé en Champagne). Apparition des biotechnologies : hybridation du maïs, du blé,… dans le but d’obtenir une meilleure productivité, une meilleure résistance… ; manipulations génétiques (OGM) ; productions hors-sol (serres, étables,…) : affranchissement des conditions climatiques.

Toute l’évolution technique consiste à travailler moins. L’accroissement du volume et de la sécurité est ce qui tire le développement de l’agriculture.

Grandes tendances :

  • Sécurité (alimentaire) au sens de volume : la qualité devient alors secondaire.
  • Uniformisation de l’alimentations : les modes alimentaires deviennent internationales (ex. : McDonalds). Les habitudes culinaires franchissent les frontières, ce qui n’était pas le cas avant le 20e siècle.
  • Naissance de la diététique : conséquence de la suralimentation.

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