C’est un secret de Polichinelle, j’ai été scout. Pas scout « véner » à défiler le 1er mai aux côtés des gens « bien-comme-il-faut ». Scout, ou plutôt éclaireur, à la cool, chez les Unionistes (rien de sectaire là dedans, juste le nom des scouts d’origine protestante).
De nombreuses années à jouer dans la forêt, à revenir avec une extinction de voix, crado, fatigué. Une multitude de personnes rencontrées, de vraies amitiés tissées. Puis est venu l’heure de devenir « chef » à mon tour. D’abord au groupe de l’Etoile, j’ai effectué un passage éclair à Batignolles avant de rejoindre Boulogne.
Plusieurs années d’affilée, j’ai eu la responsabilité de la branche cadette, les 8-12 ans. Les années ont passé et j’ai progressivement laissé la main à de nouveaux chefs, par lesquels je continuais de prendre des nouvelles de la « Meute » (folklore : Livre de la jungle; Mowgli recueilli par les loups –> meute; pour la faire très courte).
Il y a deux ans, Marie et moi sommes recontactés par nos louveteaux de l’époque. La fine équipe. Ils ont grandi et sont désormais dans la dernière tranche d’âge, les Aînés, celle qui se donne pour objectif de monter un projet d’échange international. En souvenir du bon vieux temps, ils nous demandent de devenir leurs répondants et de les accompagner dans cette nouvelle aventure. Sincèrement touchés, nous acceptons.
L’aventure aînée se déroule en deux ans. La première année est consacrée grosso modo à la découverte de la vie en équipe, le partage d’expérience, des passions, des coups de gueule de ces futurs adultes. Un camp vient clore cette première année, séjour lors duquel l’équipe commence à réfléchir à sa deuxième année, celle qui doit les voir partir très loin de chez eux, à la découverte d’autres cultures.
A l’issue d’un camp mémorable en Ardèche, avec descente en canoë, nous avons préparé avec ces ptits jeunes le projet d’échange international. L’équipe s’était initialement fixé l’Inde. Belle destination. Un peu « dure » peut-être. Finalement, la déconne et le manque de motivation de certains aura raison de cette destination. Un moment de flottement s’installe alors, pendant lequel nous restons sans nouvelles de leur part. Marie et moi continuons de vaquer de notre côté.
Les choses font que Marie et moi sommes contraints de leur annoncer que nous ne pourrons pas les accompagner en août 2008. Suffisamment en amont (avant qu’ils ne tiennent leur nouveau projet – en Guinée je crois). Naturellement, je cherche à contacter le chef d’équipe pour discuter des solutions avec lui. Pas de nouvelles.
Il me relance soudain. Un SMS. « Tu fais quoi tout à l’heure ? ». Désolé mon ptit gars, mais mon planning est un peu chargé. Et ça a été comme ça 2-3 fois. Puis, silence radio. Jusqu’à ce mail reçu tard hier soir…
Un mail envoyé par la seule fille de l’équipe, à la veille de leur grand départ. Un mail intitulé « Quelques regrets », dans lequel elle nous fait part de sa mélancolie, dans lequel elle regrette que nous n’ayons pas donné de nos nouvelles. Mais en ont-ils donné eux, des nouvelles ?
Un mail un poil déplacé dans lequel elle parle de « notre attitude » et de quelques autres points que je clarifierai avec les personnes concernées prochainement. Bref, un mail pour nous faire part de ce qu’elle a sur le coeur. Et même si je ne suis pas d’accord avec sa version de l’histoire, c’est la seule qui est revenue vers nous.
Je lui ai donc répondu. Je ne pense pas les avoir abandonné. Contrairement à ce qu’elle semble penser, j’ai cherché à expliquer notre retrait de l’aventure. Malheureusement, le chef d’équipe n’a pas répondu à mes sollicitations et a cru par la suite que je pourrai me plier à son planning. Pour info, « Et bien que ******* vous ai proposé de vous voir vous n’avez pas voulu. », ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça. Mais comme tu n’as qu’une version de l’histoire… bref.
Avec le temps, mes priorités ont changé, et si quelques années en arrière j’ai parfois préféré éviter les bancs de la Sorbonne pour préparer un camp, j’accorde désormais la priorité à ma vie pro. Je suis moins rock n’ roll qu’avant. Alors non, je ne vous ai pas abandonné. Je n’ai certes pas donné de nouvelles. Vous n’en avez pas donné non plus.
Prenez en plein les yeux en Guinée. Vous nous raconterez tout à votre retour. Enfin, je l’espère…