Pour rappel, il s’agit de notes prises lors d’un cours en sorbonne. Les précédents « épisodes » sont disponibles ici, ici, et là.
Le mot « technologie » est un néologisme inventé par l’allemand Beckman en 1777. Le mot « biologie » a été inventé par Lamarque en 1802. Le mot « sociologie » (1837, Auguste Comte) a succédé à l’ancien terme de « physique sociale ».
Un mot arrive à un moment où on ne peut plus s’en passer.
La médiologie est l’étude de l’effet de transmission. On cherche à comprendre les bases matérielles de l’univers symbolique, il est donc question de la transmission culturelle.
Debray: « L’idéal pour un médiologue, ce serait de parvenir à penser l’impensable de la pensée, c’est à dire son action […] Un médiologue cherche à comprendre l’aventure des messages ». On retrouve, dans le vocabulaire, des phrases toutes faîtes qui expriment la médiologie (idée force/idée dominante/idée principale).
« Le mot ‘’chien’’ ne mord pas » : façon de mettre en dérision le pouvoir des mots. Le mot n’a aucune puissance matérielle apparemment; on rend les mots performatifs. Les surréalistes sont en contradiction avec la pensée des médiologues (« Quand dire, c’est faire »). Le fait de dire quelque chose entraîne une action (« je déclare la séance ouverte »). Le travail médiologique se fonde sur le pouvoir du dire, la puissance des mots, sur le faire agir. Pour que les mots agissent, il faut leur donner les moyens d’agir (cf. Debray, les moyens de transmission).
On peut s’intéresser à la figure du médiateur. « Le médiateur est chargé par un groupe de faire le lien entre les valeurs fondatrices et le cours des choses ». Aujourd’hui, le médiateur est chargé par la société, par tout groupement humain (comme le journaliste). Toutes les informations transmises par le journaliste ne le sont qu’en fonction d’un certain nombre de valeurs d’une communauté. Il y a 100 ans, la figure du médiateur était l’intellectuel, le professeur, l’instituteur (les scribes). Le mot « intellectuel » est devenu un nom commun par l’intermédiaire de Zola dans son J’accuse.
Pour faire agir des mots, il faut les transmettre. Pour les transmettre, il faut une organisation.
Phèdre est un dialogue écrit par Platon dans le floruit (la maturité) de sa vie. Socrate dialogue avec un jeune homme du nom de Phèdre (à l’opposé, Ben Jelloul dans Le racisme expliqué à ma fille).
Phèdre présente l’écriture comme un fait nouveau, extraordinaire. Socrate lui répond: « L’écriture est bien plus proche du poison que du soin, l’écriture est une drogue, un filtre car en s’en servant les hommes risquent d’oublier le savoir le plus important celui de la pensée quand elle réside en soi, quand elle est sue par coeur ».
De même, la conversation entre les deux dieux Thamous (grand dieu) et Toth (petit dieu, qui a des arguments modernes). La réponse de Thamous à Toth est: « Tu ne télécommuniqueras pas, le message qui voyage loin de sa source risque l’errance et la déformation. Son auteur n’est plus là pour assister un sens désormais orphelin ».
Pour durer, la pensée doit être écrite. Dans Vie et mort de l’image, Debray propose lui aussi un découpage chronologique. Debray a tenté de proposer une histoire des idées occidentales à travers l’analyse des images et de leur moyens de transmission.
1. La logosphère: « l’écrit est central, il diffuse les idées sous la contrainte et par les canaux de l’oralité ». A l’intérieur de cette période, il fait des distinctions (exemple: au 2 ou 3ème siècle av. J.C., se répand le codex). « A cette époque, Dieu dicte, l’homme note et dicte à son tour ».
2. La graphosphère: « l’imprimé impose sa rationalité à l’ensemble du milieu symbolique ». L’image est subordonnée au texte, il y a un déplacement dans le rapport de l’image.
3. La vidéosphère: « le visible fait autorité ». On assiste au « déforcement du livre par les supports audiovisuels ». Deux choses: certes, nous assistons à la prolifération des images, mais nous assistons aussi à la transformation de la représentation de l’écrit. A partit du moment où on écrit que par ordinateur, l’écrit bouge (à la différence du livre qui est figé) ®référence à Serge Daney. Debray lui a pris l’expression « nous entrons dans l’ère du visuel ».
(et maintenant la blogosphère huhuhu)
Daney était au début critique de cinéma. Puis, dans le journal Libération, il a créé une rubrique T.V. intitulée « le salaire du zappeur ». Il est le premier à considérer que la T.V. mérite un commentaire sérieux (comme le cinéma). Il a de cette manière requalifié la T.V.